En mars, nous avions parlé du triangle de Karpman, aussi appelé triangle dramatique, et de la posture de sauveur.
Rappelez-vous, le triangle de Karpman correspond à toutes ces situations dont nous ressortons un peu la bouche amère ressentant un certain mal-être comme si la relation était déséquilibrée.
Le 2e pilier de ce triangle, nommé la victime, est le rôle dans lequel nous nous mettons, consciemment ou inconsciemment, chaque fois que nous nous disons ou disons à quelqu'un: "pourquoi ce genre de choses n'arrive qu'à moi?!!", "ce n'est pas ma faute, c'est Untel qui a fait ça", ex: "ce n'est pas ma faute si je suis en retard, c'est le train" (mais ai-je pensé à prévenir la personne qui m'attend? Ai-je anticipé de prendre un train plus tôt s'il s'agissait d'un entretien d'embauche?). "Ce n'est pas ma faute, c'est mon collègue qui ne m'a pas donné l'information" (suis-je allé.e la chercher? Ai-je donné des délais clairs? Ai-je prévenu mon responsable en amont qu'il me manquait une information importante avant de rendre mon rapport?).
En clair, quand je suis en posture de victime, je me sens toujours démuni.e, sans défense, sans les compétences, je me plains de ce qui m'arrive, combien mon collègue, mon chef, mon entreprise, ma famille, mes amis, mon pays ne m'aident pas, ne me soutiennent pas, ne font rien pour moi. "Je n'y arriverai jamais" "Je suis nul". Je peux avoir conscience ou non de me mettre dans cette posture.
La victime a un profond ressenti d'impuissance, d'incapacité, d'incompétence. Cela peut être sur un domaine particulier ou en général. C'est souvent lié à des croyances biaisées liées à l'éducation, l'environnement familial, scolaire, professionnel, la culture sociétale.
Il n'y a bien sûr aucun jugement dans ce que je décris. Il peut nous arriver à tous de tomber dans ce rôle. L'important est d'en prendre conscience et dès que c'est le cas, de chercher à en sortir.
Comment aider quelqu'un que nous surprenons dans cette posture? Ou nous aider nous-mêmes si nous nous surprenons dans cette posture?
Eviter le "Ne fais pas ta victime" qui peut être tentant;-) Rappelons-nous que la personne ne le fait pas exprès, ce n'est pas pour s'amuser qu'elle se sent ainsi et qu'elle dit cela. Son ressenti est ce qu'il est à un instant t.Â
Voilà quelques questions qui peuvent être utiles:
"Qu'est-ce qu'il faudrait qu'il se passe pour que cette situation évolue?"
"De quoi aurais-tu besoin pour que cette situation change?"
"Qui pourrait t'aider?"
"Qu'as-tu déjà réussi  par le passé qui pourrait t'être utile aujourd'hui?"Â
- "Comment pourrais-tu t'en inspirer?"
" De quoi aurais-tu besoin de ma part?" (si nous sommes prêts à aider, sinon ne pas demander bien sûr;-))Â
2 aspects clés dans ces questions:
1. vous avez peut-être remarqué une progression: d'abord on demande à la personne de réfléchir à comment elle peut s'en sortir seule, avec quelles ressources, quels moyens. Ensuite on lui demande de réfléchir à une aide extérieure.
2. Toute relation d'aide doit avoir une fin prévue, sinon rappelez-vous la newsletter de mars, nous nous transformons en sauveur qui rend dépendante sa victime (même si ce n'était pas notre intention de départ). Aider veut dire qu'on peut servir de béquille un temps, le temps pour la personne de développer certaines compétences et de reprendre confiance en elle dans la situation.
NB. On peut citer Karpman uniquement si on sent que la personne est capable d'écouter et de comprendre et parce qu'on sait qu'elle fait un travail sur soi (développement personnel). Je ne le recommanderai pas sur le moment lorsque la personne est en pleine réaction émotionnelle et qu'elle risque de se sentir jugée plutôt que guidée.
NB. Photo provenant de Wikipedia
Comments